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Que faire si votre site internet utilise (encore) Google Analytics ?

Cette question est devenue une brûlante actualité depuis le 10 février dernier, date à laquelle la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL) a mis en demeure un gestionnaire de site français de cesser d’utiliser l’outil de mesure d’audience du géant américain. En cause: sa non-conformité au Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD) européen. Un séisme dans l’univers du tracking. Rappel des faits et point à date avec Titouan Bellocq, Responsable Data & Tracking dans le pôle digital de CoSpirit Groupe.

 

Titouan Titouan Bellocq
Responsable Data & Tracking (CoSpirit Media)

La rédaction CoSpirit : pouvez-vous nous rappeler pourquoi l’autorité française de protection des données a pris une telle décision ?

Titouan Bellocq :

La question de la conformité de Google Analytics avec les règles européennes posées par le RGPD n’est pas nouvelle. Elle a cependant pris un nouveau tournant quand la CNIL a été saisie de plaintes déposées par l’association de défense de la vie privée NOYB (None Of Your Business) à propos des conditions du transfert de données à caractère personnel vers les États-Unis. Il faut, en effet, savoir que les données collectées lors de visites sur des sites web utilisant Google Analytics, dont les adresses IP, sont transférées et stockées aux Etats-Unis sur des serveurs appartenant à Google. Un accord-cadre international, le Privacy Shield, autorisait ces transferts de data entre l’Europe et les Etats-Unis. Il a été invalidé par la Cour de Justice de l’Union Européenne en juillet 2020 au motif, je cite la CNIL que « la législation états-unienne n’offre pas de garanties suffisantes face au risque d’accès par les autorités, notamment les services de renseignement, aux données personnelles de résidents européens ».

 

La rédaction CoSpirit : concrètement, où en est-on aujourd’hui ?

Titouan Bellocq :

Très concrètement, il est illégal d’utiliser la fonctionnalité Google Analytics dans les conditions actuelles déclarées comme en non conformité avec le RGPD. Pour assurer la mesure et l’analyse de leur audience, les sites doivent se tourner vers des prestataires qui proposent des garanties suffisantes de conformité. Cela concerne des milliers de sites en France qui ont recours au tracker de Google. Pour ne pas les laisser dans le flou dans lequel cette situation en a plongé beaucoup, la CNIL a publié une Foire Aux Questions.

Chez CoSpirit Media, nous savons combien cette question du tracking est essentielle. Elle fait partie du quotidien du pôle digital pour récolter de la donnée sur nos campagnes, pour savoir si elles ont bien été affichées sur les sites, si les internautes ont cliqué dessus, s’ils ont transformé leur visite en achat sur le site de l’annonceur etc.
La période des mois de juillet à octobre est celle des pitchs en réponse aux appels d’offres des annonceurs, et beaucoup nous ont demandé « êtes-vous capables en tant qu’agence de nous accompagner dans la migration de notre outil car nous allons quitter Google Analytics pour nous tourner vers une solution de web analyse alternative ».
Notre rôle est de les accompagner sur ce sujet, même si ce n’est pas notre cœur de métier. En effet, si nous sommes sous-traitants du traitement des données pour le compte de nos clients, ce sont eux qui ont un « contrat » avec Google. Je mets « contrat » entre guillemets car Google Analytics est gratuit.
Il n’en reste pas moins vrai que nous avons un avis à donner car nous les conseillons et utilisons leurs solutions sites centrics pour optimiser nos recommandations.

 

La rédaction CoSpirit : quels sont les critères de choix d’une solution alternative conforme au RGPD ?

Titouan Bellocq :

Le principal conseil que nous donnons est très simple : choisir dans la liste proposée par la CNIL elle-même. Le régulateur a, en effet, recensé 18 solutions qui répondent aux conditions du RGPD. A chacun de faire son choix selon ses KPI’s et habitudes d’analyse de campagnes. Notre conseil est d’opter pour des solutions analytics généralistes, proches de l’univers de Google Analytics, et qui prennent en charge l’importation des data recueillies au fil du temps d’exploitation de l’outil.

Chez CoSpirit, nous en avons retenu deux. D’un côté Matomo, une solution Open Source, gratuite comme Google Analytics. Qui dit Open Source dit obligation de former des équipes en interne ou de faire appel à des freelances qui se sont perfectionnés dans l’utilisation de l’outil. La solution en elle-même ne vend pas de prestations de support. L’autre alternative est celle AT Internet, du groupe Piano Company. Cet outil de Digital Analytics est payant, car il dispose d’un support et d’équipes techniques.
Les différences se font sur les fonctionnalités de chacun. Une partie de nos clients – annonceurs ont déjà migré vers d’autres solutions ou sont en passe de le faire. Nous en avons accompagné certains, d’autres ont des équipes digitales qui ont géré le processus en interne.

Pour nous agence media, le changement du tracking de suivi de Google Analytics pour celle d’un autre outil va évidemment changer notre manière de collecter de la donnée. A nous de nous adapter dans la programmation des campagnes publicitaires.